24/02/2022 – Gabriel
Apprendre les 100 cartes est ce par quoi tout joueur de Karuta commence. Il m’a fallu une semaine pour les retenir, il a fallu à Felix deux jours quand certains de nos joueurs mettent parfois plusieurs mois. Mais pour la plupart des personnes qui commencent le Karuta, il faut entre deux semaines et un mois pour apprendre toutes les cartes.
Une fois qu’on connaît bien les cartes et qu’on a suffisamment joué avec, on ne lit plus ce qui est écrit sur la carte, mais c’est directement le nom de la carte qui nous vient à l’esprit sans avoir besoin de lire. C’est ce que l’on appelle : « avoir les yeux d’un joueur de Karuta ».
J’ai souvent aidé des débutants qui venaient pour la première fois au club à retenir les cartes mais je n’ai jamais pris le temps de faire un article et de recenser toutes les méthodes utiles. Après tout, écrire quelque chose sur les 100 cartes une par une est un processus assez long. Cependant, ces derniers temps, le Karuta me motive et j’ai envie de transmettre cette passion. Je me suis donc dit qu’un article après l’autre, j’allais essayer de donner une astuce pour chaque carte, ou au moins les présenter une par une.
Cela peut paraître évident, mais il faut bien sûr connaître les Hiragana pour pouvoir apprendre les cartes, cependant c’est la seule connaissance en japonais qui est nécessaire.
Voici, pour ceux qui auraient besoin d’un petit rappel, un tableau des Hiragana :
Pour les 100 cartes, j’ai mis en place un code couleur :
Entouré en bleu, c’est l’élément unique que je conseille de regarder.
La barre rouge, c’est l’endroit où il faut s’arrêter de lire dans le sens de lecture japonais pour être sûr de ne pas confondre avec une autre carte.
La barre verte, c’est l’endroit où il faut s’arrêter de lire si l’on regarde les Hiragana en haut de la carte. (Si on ne parle pas du tout japonais, c’est parfois plus facile de regarder uniquement les 3 Hiragana du haut, même si je conseille plutôt d’apprendre dans l’ordre car c’est comme ça que les poèmes sont lus.)
Je m’explique d’abord avec ほ :
たた est l’élément reconnaissable.
Si on lit dans le sens de lecture japonais, on peut s’arrêter à たた pour être sûr que c’est bien ほ.
Si on lit en partant du coin en haut à droite, en allant vers le coin en haut à gauche, il faudra lire たけ pour être sûr que c’est bien ほ.
Un autre exemple avec あきの :
Ici les 3 つ sont un élément facilement visible.
Dans le sens de lecture japonais, il faut lire わがころもではつ pour être sûr que c’est あきの.
Et si on lit la ligne du dessus à l’envers, il faut lire わてぬ pour être sûr que c’est あきの.
Voilà pour les explications de la notation.
J’ai longtemps réfléchi à l’ordre dans lequel présenter les cartes. On pourrait partir de Akino, le plus vieux poème et finir avec Momo le plus récent, qui portent respectivement les numéro 1 et 100, mais cela n’aide pas vraiment à mémoriser.
J’ai donc fait le pari de présenter les cartes par moyens mnémotechniques similaires.
Aujourd’hui on va donc voir toutes les cartes qu’on peut reconnaître en regardant uniquement le premier Hiragana. Il en existe 9 :
む しら かく よも みせ たか あまつ こころあ ちぎりき
Voici la première :
Ici, j’imagine vraiment ce que dit la carte, si on lit les deux premiers Hiragana, on a きり la brume en japonais et cette brume recouvre un village qui se dit むら en japonais. Sinon je vous laisse faire l’association き- む dans votre tête, vous pouvez penser à du ki-mu-chi, ou tout ce qui peut vous aider à retenir tant que ça s’imprime et que ça reste.
La deuxième :
Si on tourne le つ on peut en faire un し et le deuxième Hiragana est unら donc on peut presque lire しら. Sinon on peut se répéter つら-しら-つら-しら-つら-しら, jusqu’à ce que ça rentre. Sinon しらつゆ parle de la rosée blanche du matin et つらぬき veut dire qu’elles ne sont pas transpercées, qu’elles ne sont pas montées sur un fil et qu’elles volent donc dans l’air en se dispersant à travers les champs. C’est vraiment une belle image.
La troisième :
かく veut ici dire « à quel point », le poète l’utilise pour parler de son amour qui brûle. Cependant cela ne nous aide pas à retenir la carte. En japonais, かくveut aussi dire chaque, on pourrait donc penser que chaque carte qui commence par さ est かく, mais comme il n’y a qu’une seule carte qui commence par さ, ça n’a pas beaucoup de sens mais bon. On peut aussi penser à さかく qui ne veut rien dire mais qui peut permettre de retenir la carte à l’aide d’un mot inventé.
La quatrième :
Pour cette carte qui est la seule carte qui commence par ね, j’imagine un nain avec un énorme « nez » et je lui ai donné un nom : il s’appelle Yom. On se le répète 2/3 fois : « Yom, le nain au gros nez » et je trouve que ça rentre tout seul. Yom ou Yomo ça ne change rien, mais comme on peut prendre la carte à partir de Yom, c’est peut-être mieux de retenir la version courte.
La cinquième carte :
Cette carte commence par le Hiragana ぬ, et みせる veut dire montrer en japonais. Il y a surement plein d’autres moyens mnémotechniques mais imaginer une personne qui se montre nue marque en général l’esprit et permet de très vite retenir la carte. ぬ = みせる : ぬ = みせ et voilà, c’est retenu.
La sixième carte :
En japonais, たか veut dire le faucon, et と, je le vois comme un « tôt », j’imagine donc, tôt le matin, au Japon, le ciel est dégagé et un faucon vole dans le ciel. たか le faucon qui vole tôt (と) le matin.
La septième :
あまつかぜ, c’est le vent divin, et si on voit le をcomme le Ô d’une prière, on pourrait imaginer une personne qui joint les mains, qui prie et le vent divin qui arrive. On peut donc se dire を=あまつ.
Ici, j’ai parlé de あまつかぜ et pas de あまつ car aller un peu plus loin que les syllabes déterminantes, pour l’histoire, peut aider à retenir.
Sinon, pour la petite info, le kanji de あまest le même あま que celui utilisé pour あまのがわ qui signifie la voie lactée.
La huitième :
おき me fait penser à おおきい qui veut dire grand en japonais et こころ c’est le cœur, je pense donc à une personne au grand cœur. Et pourquoi こころあ et pas こころに, on peut voir un は en bas de la première colonne, ça peut être un bon rappel et le son こころあ sonne plus doux à mon oreille que こころに, je vois donc plus la personne au grand cœur comme ayant une sonorité douce et donc こころあ.
Sinon お = こころあ, en pure et simple mémoire brute, ça peut aussi se faire, on retrouve la sonorité お trois fois, et le お et le あ sont sur la même ligne dans l’alphabet japonais. En un sens, c’est presque logique.
La neuvième et dernière carte de ce premier article :
Pour la petite anecdote, Amandine faisant beaucoup de fautes sur ちぎりき et sur les ち en général, j’avais donc pour habitude d’apprendre aux débutants ちぎりき comme la carte qui faisait « すer » Amandine. Avec le deuxième Hiragana en ゑ qui est un rare, ça rend la carte bien reconnaissable et au niveau de la sonorité ça se lit すえ, ce qui est parfait.
Sinon plus proche du japonais, ちぎりき vient de ちぎる qui veut dire jurer et qui ressemble d’ailleurs à ちかう qui a le même sens et qu’on entend plus. On peut donc penser à « je ちぎりき すr ma vie » où sur ce sur quoi on a envie de jurer tant que ça permet de retenir la carte.
Voilà pour ce premier article sur la mémorisation des cartes, mais ce n'est pas tout à fait finit, je vais laisser ici le plan des 12 articles pour apprendre les cartes et une carte pour savoir facilement dans quelle article trouver le moyen mnémotechnique et l'explication pour chaque carte :
Je vous laisse un petit plan pour naviguer entre les articles que vous pouvez aussi retrouver au début de chaque article suivant :
Pour finir, je laisse aussi l'image des 100 cartes non pollué par toutes les couleurs au cas où :
Pour la suite de l’apprentissage, l'article 2 est par ici !
Bon courage pour l’apprentissage des cartes et à bientôt pour de nouveaux articles sur le Karuta ! Excellente journée ou nuit !
Comments