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Tournois de Miyahai

12/01/2016


Ce WE fut particulièrement chargé pour la majorité des joueurs de Karuta, puisqu'il voyait se succéder le Meijin/Queen-sen, et le tournoi de Miyahai, prenant place précisément à côté du temple Omi-Jingu.


Je parlerai du match Meijin, que j'ai vu en personne, un peu plus tard, et je commencerai par parler de ce tournoi Miyahai, qui fut donc pour moi comme pour Quentin le premier de l'année.


Déjà, revenons un peu en arrière. Fin septembre, j'obtenais pour la première fois la 2e place dans la catégorie B Kyû, lors du tournoi d'Osaka. Puis, une douzaine de jours plus tard, j'obtenais la 3e place au tournoi de Hokkoku, avec précisément le même nombre de cartes lors de ma défaite qu'au précédent tournoi. En gros, j'ai raté 2 fois de suite mon A Kyû de 7 cartes.

Entre temps, il y a eu beaucoup de tournois : Aichi, Tokyo, Wakayama, Okayama... J'étais parti pour aller à chacun d'entre eux, j'avais même réservé mes chambres d'hôtel, seulement mon corps en a décidé autrement, et j'ai connu l'une des périodes les plus douloureuses de ma vie (J'y reviendrai peut-être à l'occasion). Bref, ce tournoi fut pour moi également le premier depuis 3 mois. Sachant que j'ai dû faire 2 matchs par mois entre octobre et janvier, j'aurais dû partir peu confiant, mais je sais que l'état d'esprit dans lequel on est peut faire des miracles, donc j'y suis allé confiant, d'autant plus que je n'avais pas arrêté mes entraînements perso.

La majorité des joueurs obtient une victoire par défaut, j'en fais partie, donc je profite de l'heure de pause pour lire le Baby Steps 37 que j'avais gardé pour l'occasion.


Puis mon match commence. Une lycéenne, comme souvent. Si je sens une certaine pression en moi, je commence très fort, et mon adversaire a du mal à suivre. Vraiment du mal. Rapidement, l'écart se creuse, et je mène de 8-9 cartes, puis carrément de 13. Pourtant, elle est loin d'être mauvaise. Elle fait de bonnes prises, et même quand je prends la carte, elle n'est pas loin derrière. Je suis conscient que son niveau global est clairement bon. Mais cet écart de vitesse qui existe malgré tout entre nous ne pardonne pas, et nous arrivons en fin de partie. Et comme souvent, je commence un peu à ralentir, alors que mon adversaire accélère. 3-12 pour moi, je suis confiant, mais pas trop non plus, car je sais qu'elle est bien plus dans le match qu'au début. J'ai SE chez moi, elle n'a aucune carte en S chez elle, SU est lue, elle balaie son terrain et commet une faute. 2-13. Là je dois dire que je commence à être bien plus en confiance, une faute à ce niveau de la partie, c'est très dur. Et ça ne manque pas, quand YAMAZA est lue juste après, elle se laisse un peu entraîner par mon mouvement et touche YAMAGA. Celle-là je la sentais vraiment venir. 1-14. Elle a clairement paniqué, et je décide d'en profiter : dès que la carte est lue, je fonce protéger son terrain. Une stratégie qui marche très bien sur la dernière carte, car finalement tu couvres la moitié des cartes en jeu et empêche ton adversaire de réagir correctement... La carte est lue du côté que je protège... mais elle parvient quand même à passer au-dessus de main très rapidement et à balayer AKE. Bon... Okay... J'abandonne cette stratégie, et je reviens aux bases. Je fais le vide... S... Je fonce et balaie SE, pour gagner avec 13 cartes d'avance.


Un match très bon pour moi, qui me met vraiment en confiance pour la suite. Je vais aux toilettes, je ressors, croise Quentin, et puis les mots meurtriers : "Bon ben Romain... On joue ensemble".


Je savais que ça allait arriver, mais pas aussi tôt. Je me disais depuis longtemps que je ne voulais pas jouer contre lui en tournoi, car je connais son style, et j'ai beaucoup de mal contre.

Pour présenter les choses de manière simple, Quentin a globalement deux types prises. Il a ses prises super rapides avec un balayage parfait, qui ont augmenté en nombre depuis qu'il est B Kyû, et il a ses couvertures de cartes. Le truc, c'est qu'il part toujours avant la syllabe déterminante, contrairement à moi qui attends la syllabe déterminante pour foncer. Situation amusante d'ailleurs, car si j'ai un style extrêmement proche du Meijin, Quentin lui a un style très proche de son adversaire vaincu.


Je suis généralement peu à l'aise face aux adversaires qui bougent leur main tôt, mais paradoxalement, mon "style secondaire" est une plaie pour eux : mes réflexes ont tendance à faire du zèle, et à systématiquement me faire esquiver les mains bloqueuses. Généralement, c'est pénible, car ça veut dire que je contourne souvent là où il serait plus rapide de foncer dans le tas. Mais contre un joueur qui part tôt et qui couvre, c'est très pratique, car je vais naturellement contourner la main, ce qui me permet de prendre certaines cartes que beaucoup n'auraient pas pu viser. Le seul truc, c'est que ce n'est pas mon style principal, donc j'ai beaucoup de mal à prendre mon rythme dans ces conditions.


Et ça ne manque pas, sur les cartes à 4 syllabes Quentin couvre systématiquement, et je parviens de justesse à passer sous sa main pour prendre Naniwae. Seulement Quentin, ce n'est plus juste une machine à faire balader sa main partout sur le terrain, et peu de temps après, il me ruine complètement sur MU, pourtant chez moi, sans que je n'ai eu le temps de réagir. Ca fait mal, se faire prendre une carte à une syllabe chez soi.


Je mène un peu au début du match, je fais une faute très conne sur AMANO en ayant raté mon esquive sur AMATSU (le signal était passé dans mon cerveau, mais mon doigt n'a pas suffisamment bougé), et une autre sur OOKO, en balayant OOKE. Quentin prend alors une avance de 2 cartes, et on restera à cet équilibre trèèèès longtemps. En gros, vraiment, on a passé notre temps à 2 cartes d'écart, et j'étais donc en permanence en train de me dire "bon sang, si j'avais pas fait ces 2 fautes, j'aurais mené jusqu'à maintenant". On enchaîne tous les deux les excellentes prises (il me détruit sur SA, je le détruis sur OO...) et les cafouillages, jusqu'à ce qu'on arrive à la fin.


Mais faisons un petit flashback. En début de partie, KASA est "lue". Sauf que Quentin et moi, on bug, et on entend pas le son. Je fonce sur son TAKA, et "réalisant" que c'est KASA, aussi chez lui, je change de trajectoire et la prends de manière très moche.

Milieu-fin de partie, KAZEWO est la dernière carte en KA, elle est chez lui, et il fait un très beau balayage dessus... sur KASA. Donc là, on bugue. Pourquoi est-ce que KASA a été lue une deuxième fois ? Et pourquoi est-ce que tous les autres joueurs font comme si la carte était déjà en jeu? Conspiration? Le jeu a bugué? Non...


La carte précédente était en fait une TAKA qui sonnait comme une KASA ressemblant à TAKA (oui, c'est tordu). Donc je demande à l'arbitre ce qu'il se passe dans un tel cas, et il me dit "Comme TAKA a été lue avant, si vous l'avez oubliée, vous l'enlevez du terrain. Donc c'est une prise pour Quentin. Par contre, vu qu'il a fait une fause sur KASA, vous lui envoyez une carte".


Bref, le cafouillage monstrueux qui fait que Quentin se récupère une faute pour avoir balayé trop vite KAZE, qui était supposée être à une syllabe (faute compensée quand même à moitié par le fait qu'il a également enlevé de son terrain TAKA).


Le match reprend, l'écart est toujours très mince, je dois mener de 2 cartes environ, quelque chose comme 2-4. Et Quentin fait une grosse faute sur YU(U), en balayant son YO. 1-5, là je suis bien parti. Probablement, j'ai vu à quel point Quentin était à fond sur ses cartes à 1 syllabe. Mais il a TSU, donc je me sens obligé d'attaquer. Une carte est lue, il la protège super vite, je n'ai rien pu faire. Ok. Je me dis que je vais essayer de couvrir ses 3 cartes à sa droite dès le tout premier son. Problème, il a sa main très proche d'elles, et donc assez éloignée de son côté gauche. Je fonce chez lui pour protéger ses cartes, mais quand j'arrive, il a déjà balayé KA...


Ok, je ne peux rien faire. Il est trop près de ses cartes, donc pour ne pas faire de fautes en couvrant son côté, je suis obligé d'être prudent. Et il est tellement rapide qu'une fois arrivé, je n'ai aucune chance d'arriver avant. J'abandonne à moitié son terrain, je me reconcentre sur ma dernière carte, MO, et... MORO est lue m'assurant une victoire de 3 cartes.

Un match incroyablement serré donc, et qui aurait vraiment pu se terminer différemment s'il n'y avait pas eu ce cafouillage sur KASA et TAKA.


On a tous les deux eu des moments où on n’a pas été à fond, donc on n’a pas fait nos meilleurs matchs, mais ils étaient vraiment pas mauvais, avec une bonne émulation en mode "tu as pris rapidement, ben je prends encore plus vite". J'étais en tout cas content d'avoir pu faire pour la première fois un bon match contre Quentin. Et d'ailleurs, le premier "bon" match que je fais contre Quentin, c'est aussi le premier durant lequel je suis passé à deux doigts de perdre, ce qui est somme toute assez paradoxal. Pour le coup, je ne me considère absolument pas avoir été meilleur que lui. Le problème de Quentin c'est qu'il est encore plus irrégulier que moi, mais vu les pointes de vitesse qu'il parvient à atteindre, je suis sûr que dans un bon jour, s'il a l'endurance, il pourra sans problème passer A Kyû.


Le match suivant s'annonçait simple, car j'avais déjà battu 2 fois mon adversaire, de 11 et 10 cartes. Malheureusement, il ne faisait que s'annoncer simple. Très rapidement, il fait d'excellentes prises sur mon côté droit. Pour ma part, je fais de très bonnes prises aussi chez lui, mais mon terrain est plus souvent lu, je fais 1 ou 2 fautes, et il prend de l'avance. Je n'abandonne pas, et je parviens à remonter à 9-9. Mais gros problème, j'ai une malchance monstrueuse sur les cartes lues. J'ai eu tout le long du match autant de cartes à gauche qu'à droite (ce que je visais car j'avais vu qu'il était à fond sur mon côté droit), et sur tout le match, seules 4 cartes ont été lues à ma gauche... contre une vingtaine à droite. Son style était simple, mais extrêmement efficace : Il partait toujours sur le premier son des cartes se trouvant sur mon côté droit. Le résultat, c'est que j'ai raté de peu facilement 5 ou 6 cartes chez moi car il les visait trop pour que je puisse les prendre simplement en "écoutant". Grâce à ça, il a pu prendre son rythme, moi non, ajoutez à ça les cartes séparées toujours lues chez moi en premier, puis mes erreurs de mémo qui me font réagir du mauvais côté gauche/droite (Toutes les cartes chez lui : HANASA est lue, je balaie HARUNO. HANANO est lue, je balaie HARUNO. HARUNO est lu, je balaie là où se trouvait HANA).

En fin de match, je n'ai plus rien en tête, lui est complètement dans le rythme, je fais une faute, et perds de 9 cartes.

Douleur qui fait mal sur le coup, même si je constate qu'il a quand même vachement progressé.


Puis avec le temps, je réalise :


Déjà, il a un style risqué mais très efficace contre moi. Vu que mon style consiste à tout prendre y compris sur mon terrain, si les cartes sont lues en priorité chez moi et qu'il les vise à fond, il va forcément me battre dessus. Ajoutez à ça le fait qu'il bouge très tôt et avec beaucoup d'élan, et ma vitesse de réaction s'en trouve diminuée, car mon esprit se tourne vers son mouvement.


Mais seulement ça, j'aurais pu gérer. C'est justement le but de mon style, être capable de prendre les cartes partout. Et ces derniers temps, j'ai une plutôt bonne attaque (et malheureusement une moins bonne défense, il faudra que je réfléchisse aux causes directes). Mais j'ai vraiment commis trop d'erreurs de mémorisation, ce que je mets sur le compte de 3 facteurs :


1. Mon match contre Quentin qui m'a épuisé (probablement le moins gros facteur)


2. Mon impossibilité à jouer régulièrement contre des joueurs, qui fait que je suis sensible aux styles bougeant tôt et avec force (je n'ai plus l'habitude de réagir malgré le mouvement adversaire)


3. Mon manque flagrant d'endurance, dû au fait qu'à part en tournoi, je ne fais jamais plus d'un ou deux matchs, et que mon dernier tournoi datait d'il y a plus de 3 mois.

Le premier point ne devrait pas se représenter de sitôt. Le 2e, les joueurs jouant à ce point de manière offensive sont rares, mais vu que j'aurai plus de tournois dans les semaines à venir, ça devrait revenir. Le 3e, ben c'est pareil.


Donc finalement, j'ai toujours la même capacité de réaction, mais mon manque d'entraînement dans la longueur m'a trop handicapé.


Je n'ai donc plus qu'à continuer à jouer, et le problème devrait se régler de lui-même.

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