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Tournoi interculturel - Nara

10/10/2017 – Romain


Bonjour à tous !


C'est débordant de motivation que je reviens mettre à jour la page Karuta France. D'où vient cette motivation ? Ne vous cachons rien, elle vient du tournoi interculturel, et de l'exploit que nous y avons réalisé.


Alors commençons par le commencement, c'est toujours mieux comme ça.

Le tournoi interculturel, qu'est-ce que c'est ? Je suis toujours un peu embêté quand je dois traduire ce mot, car il n'existe aucun équivalent français. En réalité, le Kokumin Bunkasai, c'est un festival culturel qui a lieu dans une ville du Japon tous les ans, et à cette occasion, un tournoi est organisé. Ce tournoi voit s'opposer les représentants de chacune des préfectures du Japon. Inutile de dire que le niveau y est généralement très élevé, puisque seuls les meilleurs joueurs y sont envoyés. J'opte donc pour le terme "interculturel" car les représentants de chaque "culture" s'affrontent entre eux. Tout ceci en kimono.

A l'origine, seules les préfectures peuvent y participer, mais avec le terme, le tournoi s'est ouvert et autorisé la participation d'équipes étrangères. Des équipes mixes dans un premier temps, avec une équipe "étrangère", puis carrément des équipes nationales : équipe coréenne, équipe chinoise, et... équipe française !


Cette année a en effet vu la France participer pour la première fois à ce tournoi (2 de nos joueurs y avaient déjà participé par le passé, au sein de l'équipe "occidentale"), ce qui en soi a créé l'événement.


Pourquoi ? Parce que jusqu'à maintenant, les seules équipes ayant participé étaient soient asiatiques (donc très proches), soit mixes (donc pas de véritable identité, on prenait qui on pouvait), soit incluant carrément des joueurs japonais. Le plus souvent, c'était même un mélange des trois. Or, la participation de la France avait ceci de symbolique que 6 de nos joueurs ont fait le déplacement depuis la France (bon, 2 d'entre eux ont triché, ils étaient déjà au Japon), donc depuis l'autre bout du monde, et ce afin de constituer la première équipe 100% occidentale.


Voilà pour l'introduction et le contexte.


Et finalement, ce tournoi, qu'est-ce que ça a donné ?

J'ai d'entrée rempli mon rôle de coach en tirant au sort une poule plutôt intéressante. Pas d'adversaires imbattables du type Fukui (trois 8e Dan, cinq 6e Dan), mais des équipes solides sans être non plus invincibles. Des équipes en moyenne constituées de B Kyû, avec plusieurs A Kyû pour certaines. Nous étions évidemment en véritable position de challenger.

Le premier match eut lieu contre l'équipe de Fukushima, une équipe extrêmement solide dont la meilleure joueuse, 5e Dan, avait également remporté le tournoi lycéen national l'année dernière. Rien que ça.


Une équipe rodée en face, des joueurs fatigués et/ou peu habitués au kimono chez nous, arrivés en milieu de partie nous affichions un retard considérable qui se concrétisa sur 4 défaites. Seul restait Felix, qui à l'issue d'un match serré contre une joueuse B Kyû, remporta l'unique match de l'affrontement sur une magnifique watari-te. Il nous avoua après qu'il avait fait le match de sa vie (c'est pas vrai, j'invente ça pour donner un peu plus de cachet à la scène)


L'honneur sauf, nous restions toutefois peu confiants face à l'équipe de Saga cette fois, constituée de deux joueurs A Kyû, et 3 B Kyû.


Le match commence mieux que le précédent, que ce soit au niveau du mental que des prises. C'est sur un magnifique cri de guerre "Un pour tous, tous pour un !" que nous prenons nos bases, avec globalement 5 matchs qui sont à notre portée, malgré une évidente différence d'expérience. Après un premier match très décevant de mon côté contre la capitaine de Fukushima, j'affronte cette fois-ci de nouveau le capitaine (8e Dan, papa du 4e Dan de la même équipe), mais cette fois en le collant de peu. En parallèle nos autres joueurs font de leur mieux, avec Felix remportant son deuxième match consécutif, et Camille gagnant son premier match, en grande forme contre un adversaire 2e Dan. Après 2 fautes stupides de mon côté et un lourd retard à rattraper, je retrouve un bon rythme et remonte la pente, collant une forte pression au capitaine adverse, alors que Quentin M fait de même face au fiston. Nous menons 2 victoires à 1, mais nous avons tous les deux du retard, surtout moi. Je défends avec vélocité mon terrain en entendant "Konohitoha", pour réaliser que cette carte n'existe pas, et que j'ai juste mal entendu "Konuhitoha". Je perds donc bêtement de quelques cartes mon match, alors que Quentin réalise l'impensable en battant son adversaire, nous apportant ainsi notre 3e victoire. Nous avions battu Saga.


Boostés à bloc, nous partons confiant pour le match suivant contre l'équipe de Tottori, constitués de joueurs 3e, 2e et 1er Dan. Ils sont à notre portée.

Je tombe par chance sur le capitaine de leur équipe, 3e Dan (5e capitaine que j'affronte en 6 matchs de tournoi interculturel). Pourquoi par chance ? Parce que ça signifie que si je remplis mon job, cette fois à ma portée, mes camarades n'auront à battre "que" des 2e ou 1er Dan. "On fire", comme j'eus l'occasion de le dire à Camille lors de notre match, c'est plein d'entrain que j'assure la première victoire de notre équipe, gagnant de 10 cartes. Mais à ce stade, nous avions déjà 2 défaites, avec en parallèle Camille qui avait un retard énorme, et Felix plongé dans un match extrêmement serré. Le match se prolonge, et alors que l'adversaire de Camille avait autant d'avance que j'en avais sur mon propre adversaire, je constate que le nombre de cartes en face n'a pas diminué : son adversaire, C Kyû, ne parvenait simplement plus à la prendre de vitesse. Portée par mon encouragement digne d'un coach en motivation, "Tant qu'il y a de la vie et des cartes, il y a de l'espoir", Camille avait remonté un match qui aurait pu apparaître déjà perdu.


Felix, de son côté, restait très proche de son adversaire, avec un très mince retard. Arrivés aux 5 dernières cartes, Camille prend une carte en face, et s'apprête à en envoyer une. Je l'arrête alors, "pas maintenant". L'adversaire de Felix envoie sa carte, je regarde ce qu'a maintenant Felix sur son terrain, puis je dis simplement à Camille "pas celle-là". Elle envoie sa carte, et nous avons alors enfin une chance de gagner.


Pourquoi ? Parce que nos adversaires avaient jusque-là "ajusté leurs envois". Ils avaient fait en sorte que leurs deux joueurs aient des cartes différences. Ainsi, en situation de unmeisen, il leur suffirait de défendre leur carte, s'assurant d'office une victoire (chaque joueur ayant une carte différente, l'un des deux aura forcément sa carte lue). Et il ne leur manquait plus qu'une victoire pour gagner. Les chances étaient donc équilibrées. Malheureusement, Camille avait maintenant autant d'avance que Felix de retard, et le match se termina de façon imprévisible, Camille prenant une carte en face, et l'adversaire de Felix faisant de même (L'avenir nous apprendra cependant que la carte qu'avait gardée Camille n'aurait pas été lue en unmeisen).

Un beau match pour Felix, une magnifique remontée pour Camille, nous terminons donc notre 3e affrontement avec 2 victoires, à quelques cartes seulement de vaincre l'équipe adverse.

Sur une poule de 4 équipe, la France fut donc 3e, dépassant l'équipe de Saga.


Et au moment de donner les résultats de chaque équipe devant tout le monde, les spectateurs ne lachèrent un "ohhhhh" d'étonnement qu'à deux reprises : lorsqu'ils apprirent que Kyôto (équipe ayant pourtant une vice-Queen et une ex Queen) n'avait obtenu que la 4e place de sa poule, et lorsque la France afficha sa 3e place. Un exploit unique à la France, malgré la participation de 3 autres équipes étrangères (Thaïlande, Chine et Amérique/Hongrie). Cela inspira d'ailleurs le président de la fédération de Karuta, qui avoua avoir été ému par la performance français, affirmant qu'une qualification étrangère lors d'une finale était probablement plus proche qu'on ne le pensait. Un véritable honneur donc, pour nos joueurs qui ont donné leur meilleur face à des joueurs bien plus expérimentés et gradés qu'eux.

J'aimerais dire que notre objectif est de se qualifier pour les finales au prochain tournoi, mais soyons honnêtes : il suffirait de tomber sur l'une des meilleures équipes du Japon (Fukui, Tokyo, Fukuoka...) pour que nos chances de réussir soient quasiment réduites à zéro. J'ai donc pour ma part deux objectifs.


Le premier, en tant que capitaine, est de remplir mon rôle quelque soit mon adversaire. En d'autres termes, ne pas gagner seulement contre des B Kyû, mais également contre des A Kyû en forme.


Le second, en tant que président, est d'amener l'équipe de France à la 2e place de manière stable. En d'autres termes, obtenir un niveau suffisant pour battre au moins 2 équipes sur 3. Et si le tirage au sort nous le permet, de se qualifier pour les finales.

Quoi qu'il en soit, ce tournoi aura eu beaucoup d'importance pour nous. Déjà, car il aura permis de montrer que la France était bien présente, et que sa participation n'était pas illégitime (encore une fois, nous avons battu les meilleurs joueurs d'une préfecture du Japon, ce n'est pas rien). Mais surtout parce qu'il nous aura permis de confirmer que nos entraînements étaient plein de sens.


Le prochain tournoi aura lieu dans la préfecture de Oita l'année prochaine, dans la région du Kyushu. Si l'occasion se présente, je pense répondre de nouveau présent, et j'espère donc amener de nouveau avec moi une équipe française qui nous prouvera que tant qu'il y a de la vie et des cartes, il y a de l'espoir !



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