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Progresser au Karuta 3 – La stratégie de base

Dernière mise à jour : 9 mars 2023


Dans l’article d’aujourd’hui, je voudrais parler de quelque chose d’un peu plus abstrait, quelque chose qui ne se voit pas au premier regard. J’aimerais parler de ce qui se passe dans la tête d’un joueur de karuta pendant un match et les stratégies qu’il est possible de mettre en place pendant les différentes phases du match.



1 – Le karuta offensif.



Impossible de parler de la stratégie de base sans parler du karuta offensif. Romain détaille bien tous les avantages de ce karuta dans un article publié il y a maintenant presque 10 ans, mais je vais vous faire ici un rapide résumé.



- Peu de fautes

- Pression sur l’adversaire

- Utilisable tout au long du match

- Peu de faiblesses exploitables

- Permet de vite finir le match quand on a de l’avance

- Permet d’éviter les matchs serrés quand on est meilleur que son adversaire

- Permet de faire des modorite (prise-retour)

- Permet d’envoyer des cartes et donc de mettre en place une stratégie



Un style défensif est aussi envisageable, mais ce n’est viable qu'en début de match ou quand on est en train de perdre. Pour résumer, les personnes qui jouent un karuta défensif sont obligées d’aussi utiliser le karuta offensif et d’alterner entre l’un et l’autre pendant leurs matchs.


C’est bien beau de lister les avantages du karuta offensif, mais comment le mettre en place ? Concrètement qu’est-ce qu’il faut faire pendant un match pour jouer de manière offensive ?

La clef est de concentrer son attention sur le terrain de l’adversaire. Plutôt que d’avoir un équilibre 50/50 entre son terrain et le terrain de l’adversaire, on va essayer de pencher vers 80/20. Ceux qui ont du mal à avoir un karuta offensif peuvent même essayer de faire 100/0 et de se concentrer uniquement sur le terrain de l’adversaire. C’est trop, mais c’est un bon point de départ pour redescendre petit à petit et arriver au bon équilibre 80/20 ou 70/30.


Il est aussi bon d’avoir conscience que certaines cartes ont une importance toute particulière. Les cartes les plus éloignées de vous, c’est-à-dire les 2 cartes tout à droite et les 2 cartes tout à gauche chez l’adversaire sont spéciales, surtout si ce sont des une ou deux syllabes. En effet, si vous arrivez à prendre les cartes courtes les plus éloignées de votre position de départ, vous envoyez à votre adversaire et à vous-même un signal fort : « Je peux prendre les cartes peu importe où elles se trouvent ! » (Car oui, si vous arrivez à prendre les cartes les plus éloignées avant votre adversaire, aucune carte n’est hors de votre portée). Cela vous donnera la confiance de vous dire que vous êtes capable de prendre n’importe quelle carte et donnera à votre adversaire la sensation de ne plus avoir de « safe spot » où il peut être sûr de prendre ses cartes à tous les coups. Ce raisonnement ne se produit pas à un niveau conscient, c’est plutôt inconscient. Si l’on ne fait pas attention, quand on se fait prendre nos cartes en bas, on peut vite passer sur la défensive, se crisper et se mettre à faire des fautes alors qu’il faudrait au contraire rester détendu et continuer à attaquer.


C’est bien beau ce karuta offensif, mais si je perds, il faut bien que je défende, si mon adversaire a seulement quelques cartes et que j’ai tout le reste, je ne peux pas attaquer. On est d’accord, si vous êtes en train de perdre de plus du double de cartes, par exemple 6 – 14, attaquer n’est plus vraiment une très bonne option, mais tant que l’écart de cartes n’est pas à ce point écrasant, vous pouvez continuer à attaquer sans vous inquiéter, c’est aussi une chose qui vous rendra plus fort sur le long terme.


Un dernier mot pour finir, et c’est peut-être la clef du karuta offensif, pour jouer un bon karuta offensif, il faut prendre consciemment le terrain de son adversaire et inconsciemment son propre terrain. Mais pour comprendre ce concept, il faut que j’explique les trois types de prises.



2 – Les trois types de prises



Bien sûr, au karuta on a plein de manières de prendre les cartes, balayer, plaquer, toucher, protéger, revenir, contourner, tout autant de mouvements qui ont leurs avantages et leurs inconvénients, mais ce n’est pas du tout de cela dont je veux parler ici.

Au-delà du mouvement de la main, il y a le processus mental qui entre en jeu quand on prend une carte, et il y en existe trois types :



- Visée 狙(ねら)う

- Consciente 意識(いしき)

- Inconsciente 無意識(むいしき)



Au moment de la prise, vous êtes le seul à savoir ce qu’il s’est passé dans votre tête, mais avoir conscience de nos types de prises est de la plus haute importance.



A – Visée (ねらう)


C’est le plus simple pour prendre une carte, vous avec les yeux sur la carte, vous la répétez dans votre tête en boucle et donc au moment où elle est lue, vous la prenez instantanément.

Ce genre de prise est utile pour certaines stratégies en fin de partie, mais est très risquée pendant la partie car :

- Il y a peu de chances que la carte visée soit lue (statistiquement parlant).

- Si une jumelle de la carte que vous visez est lue, vous avez de grandes chances de réagir trop vite et de faire une faute.

- On peut difficilement viser plus de 2-3 cartes en même temps.

Les prises visées sont des prises que l’on aime bien faire en tant que débutant, mais il faut arriver le plus possible à s’en détacher pour aller vers des prises conscientes qui seront moins rapides mais qui permettent de réagir à chaque carte.

On n'utilise les prises visées qu’en fin de partie, et quand on le fait, il faut vraiment être parfaitement concentré, détendu et très attentif au son pour être le plus rapide possible tout en évitant les fautes.


B – Consciente いしき


C’est la grande majorité des prises d’un match de karuta. Vous vous êtes répété la carte suffisamment de fois et au moment où le lecteur prononce le nom de la carte, vous vous remémorez sa position et vous êtes capable d’y aller rapidement. Ce genre de prise est consciente car au moment où la carte est lue vous avez conscience de votre mouvement et vous êtes en contrôle tout du long. Arriver à bien réaliser ce type de prise est directement corrélé à la qualité de votre mémorisation.

Si, quand la carte est lue, vous avez une hésitation sur où aller ou que vous buggez, c’est un problème de mémorisation. Avec une bonne mémo, il est possible de prendre les 50 cartes consciemment et assez rapidement, même si l’on veut surtout utiliser ce type de prise pour les 25 cartes de l’adversaire.


C – Inconsciente むいしき


On pourrait appeler cela une technique avancée. Les prises inconscientes permettent de prendre des cartes sans avoir besoin de se concentrer dessus. Notre attention n’est pas dirigée vers ces cartes et pourtant, on va quand même être capable de faire de bonnes prises dessus.

Dit comme ça, cela paraît un peu contradictoire, mais en fait cela s’explique de manière très rationnelle. Si vous connaissez suffisamment bien votre terrain et que vous avez réagi dessus d’innombrable fois, le simple fait d’avoir conscience que la carte est chez vous va faire que votre main va se diriger toute seule vers la carte. Avant de vous en apercevoir, vous serez donc juste au-dessus de la bonne carte et parfois, vous aurez même balayé la bonne carte avant d'avoir pu vous en rendre compte.

Ces prises inconscientes sont un avantage considérable pour le karuta offensif car, si l’on peut prendre son terrain inconsciemment, on peut alors d’autant plus se concentrer sur le terrain de l’adversaire. Cela permet d’avoir une très bonne attaque tout en ramassant un bon paquet de cartes chez soi sans avoir à faire plus d’effort que cela.



3 – Les différentes étapes d’un match



On peut distinguer 3 phases dans un match de karuta :



- Le début 序盤(じょばん)

- Le milieu 中盤(ちゅうばん)

- La fin 終盤(しゅうばん)



Le début du match, c’est la partie la plus longue, mais là où le moins de choses se décident la plupart du temps. Il est difficile de dire exactement quand commence le milieu et quand se termine le début, mais on peut dire que, globalement, tant qu’il y a plus de 30/35 cartes sur le terrain, c’est encore le début du match.

Pendant cette partie du match, les fautes sont moins graves et si les deux joueurs sont d’un niveau pas trop éloigné, on voit rarement un écart de plus de 5 cartes se dessiner. Pendant cette phase du jeu, c’est votre mémorisation du début du match qui va vous porter et vous pouvez prendre le temps d’analyser votre adversaire pour voir ses qualités et ses défauts. Bien sûr, si vous pouvez prendre l’avantage dans le but de conclure rapidement le match, il ne faut pas hésiter, mais ce n’est pas du tout une phase du jeu où il est nécessaire de prendre des risques.


Le milieu de match, c’est quand il y a entre 10 et 30 cartes sur le terrain. Dans cette partie du match, la mémorisation commence à être moins importante car les deux joueurs auront la majorité du temps toutes les cartes bien en tête et la qualité des prises et la vitesse de réaction vont être ce qui fera la différence. Dans l’idéal, si vous avez réussi à construire un écart de 4-5 cartes au début du match, c’est à ce moment-là, avant d’arriver en fin de match, qu’il faut conclure en appuyant le plus possible sur l’attaque et en mettant la pression à l’adversaire. Cependant attention, si vous êtes en train de gagner dans cette partie du match, il ne faut surtout pas vous précipiter, les fautes en milieu de match font bien plus mal qu’au début et sont en général le meilleur moyen de vous faire perdre votre avantage et de remettre votre adversaire dans le match. Cependant, même si vous faites une faute à ce moment de la partie alors qu’il ne vous reste que quelques cartes, aucune raison de paniquer, il faut juste continuer à bien jouer comme vous l’avez fait durant tout le début du match. Surtout, quoi qu’il arrive, ne jamais se précipiter et ne jamais paniquer, toujours rester concentré.


La fin de match commence quand il reste une dizaine de cartes. Dans un match qui a été équilibré tout du long et où il y a 5-5, c’est là où tout va se jouer. Les fautes dans cette partie du match ne pardonnent pas, une seule faute et c’est avantage à l’adversaire, deux fautes et vous avez creusé votre propre tombe. Souvent, c’est cette fin de match qui donne du fil à retordre à beaucoup de personnes. Si vous arrivez à continuer à jouer en mémorisant et en faisant tourner les cartes dans votre tête et que cela vous réussit, c’est tant mieux. Cependant, bien souvent, il y a trop de cartes trop courtes et on a du mal à bien se concentrer sur toutes. Si c’est votre cas, vous pouvez viser des cartes, concentrer votre attention sur uniquement 2-3 cartes juste avant la lecture. En faisant ça, vous êtes garanti d’avoir ces cartes si votre adversaire n’est pas en train de les viser lui aussi. Pour le reste des cartes, je vous conseille de concentrer vos efforts de mémorisation dessus. L’idée est donc de viser 2-3 cartes sur lesquelles on se concentrera uniquement à la fin de la lecture de la deuxième partie et le reste du temps, de faire tourner dans sa mémorisation toutes les autres cartes du terrain.


La toute fin d’un match, quand il reste quatre cartes ou moins, est encore une situation différente.


Regrouper ou séparer, attaquer ou protéger, il n’y a pas de bonne réponse. Pour commencer, dans la mesure du possible, il faut éviter d’arriver dans cette situation car un match où il ne reste que quatre cartes, même si vous êtes beaucoup plus fort que votre adversaire, peut tout à fait vous échapper si vous jouez d’un tout petit peu de mal chance. Mais quand on se retrouve malgré soi dans cette situation, il faut bien avoir une stratégie.


- Tout regrouper et protéger, si vous sentez que l’attaque de votre adversaire est faible, c’est une stratégie viable qui peut vous faire gagner si vous avez de la chance.


- Séparer et attaquer, si votre adversaire a une bonne attaque, que vous sentez qu’il est à fond sur l’offensive et que vous n’arrivez pas à protéger vos cartes, la meilleure option est l’attaque.


- Regrouper et attaquer, globalement ce n’est pas une bonne idée, mais il existe une stratégie qui consiste à protéger tout en visant une carte de l’adversaire, ce qui vous permettra de la prendre très vite juste après votre protection si elle est lue. Méthode risquée qui peut mener à la faute mais qui peut aussi conduire à la victoire.



Voilà, c’était un peu long, mais j’en ai terminé avec cet article ! Je suis sûr que j’ai oublié une infinité de choses importantes, mais j’espère que j’ai pu vous donner une bonne idée des coulisses d’un match de karuta, que vous comprenez mieux ce qu’il se passe dans la tête des joueurs et que vous serez peut-être un peu moins perdu pendant vos matchs.



Dans l'article 4 de cette série, j'explique comme s'entrainer à bien réagir, c'est par ici !



A bientôt !



Gabriel le 03/02/2023




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