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Parce qu'il y a une justice (Récit d’entrainement)

22/12/2013 – Romain


J'ai assez peu donné de nouvelles ces derniers temps, principalement parce que j'étais malade (très probablement une sinusite). J'ai raté un tournoi à cause de ça, et surtout, j'ai perdu de nombreuses occasions de m'entraîner. Autant dire que ces derniers jours, je n'étais pas très confiant, et je me voyais bien rentrer en France sans rien pouvoir faire. Bon, pour ceux qui seraient en train de se dire "AH??? Il est passé A Kyû???", je vous stoppe net, ce n'est pas le cas. Mais j'ai récupéré un niveau me le permettant (reste à voir si ce regain de forme vient du fait que j'ai mal à la tête ou non. Etrangement, avoir mal à la tête m'empêche de me déconcentrer).

Aujourd'hui, entraînement dans la nouvelle maison d'un sempai de l'université de Keiô. Mon premier match se passe bien, mais les règles maison (interdiction de "frapper" le tatami) m'empêchaient de balayer en force... Et le résultat, c'est que j'ai dû rater 4 cartes à cause de cela, car je me retenais et ne finissais pas mon mouvement. Résultat, malgré une avance assez large de 8 cartes sur la fin, je me fais rattraper, et perd finalement de 2 cartes. Cela dit, dans des conditions normales j'aurais gagné, donc je suis au moins content de mon match.

Mais là où ça devient intéressant, c'est quand j'affronte le propriétaire de la maison, 5e Dan. D'entrée, je joue avec un timing irréprochable, et je mène même suffisamment pour accepter de ne pas compter une faute qu'il prétendait commune (je reste persuadé qu'elle n'était qu'à son compte).

Mes prises de son côté ne sont pas extrêmement nombreuses, mais sont nettes, et surtout, je ne le laisse me prendre quasiment aucune carte chez moi. A 4 reprises, je parviens à protéger avec un timing parfait, dès la 2e syllabe, des cartes à 3 et à 4 syllabes, pour finalement les récupérer après que sa main a percuté la mienne. De même, je parviens à faire la distinction entre des cartes pourtant très proches, comme OOE, OOKE et OOKO, qui étaient toutes les 3 en jeu, en prenant 2 fois de suite sans hésiter un instant la bonne carte.

En fin de partie, mon avance est de nouveau considérable, avec 3 - 11 pour moi. Je me vois donc déjà gagner. TSU est lue, et je me précipite dessus à une vitesse digne des plus grands joueurs, pour faire finalement le balayage dans le vide le plus épique que j'ai jamais vu. Un raté qui me reste en travers de la gorge, et mon adversaire en profite pour séparer plusieurs de ses cartes de manière assez déstabilisante (4 d'entre elles étaient au milieu). Ma mémorisation commence à faiblir, et mon attaque ralentit considérablement. Ou plutôt, je me dirige systématiquement du même côté (gauche), alors que les cartes lues sont à droite. Mon avance se réduit considérablement, mais je parviens à prendre sans contestation possible SE chez lui. Arrivé à 2-3, mon adversaire récupère TA chez moi, et tout de suite après, je parviens à percer son AMA. Comme d'habitude, en fin de partie, ce sont les cartes en A qui me sauvent. 1-2, FU est lue chez moi, et malgré ma vitesse, mon adversaire me prend la carte, bien aidé par mon balayage dans le vide. 1-1, je sens que mon adversaire a pris un bon rythme, et que tenter le tout pour le tout en visant son côté également serait téméraire. Je me concentre donc juste sur WATA, fonce protéger la carte sur le son WA, puis affaisse lentement ma main. La carte lue était WATA. Et je gagne d'une carte.

Perdre malgré l'avance que j'avais m'aurais fait incroyablement mal, mais au final, il y a bien une justice dans ce monde !

Pour mon 3e match, j'affronte une joueuse B Kyû avec mon bras gauche, pour gagner de 12 cartes. La veille, j'avais gagné de 7 cartes contre un autre joueur 5e Dan, et de 19 face à un joueur C Kyû.

Bref, je tiens la forme. Prochain tournoi le 28, en équipe, puis toutes les semaines à partir du 5 en individuel. 4 chances pour passer A Kyû. Si je parviens à conserver ma forme actuelle (ce qui impliquerait donc de ne pas tomber malade, et de ne pas trop m'abîmer le bras droit), une montée en Dan est tout à fait envisageable.

Sinon, je m'approche de plus en plus de mon Karuta idéal, en prenant avec pile le bon timing les cartes jumelles séparées que j'apprécie, et en prenant en modori-te, ou dit autrement en visant d'abord le côté adverse pour finalement revenir, les autres cartes.

Cette technique, propre au Karuta offensif (l'idée est de viser le terrain adverse avant que la syllabe déterminante ne soit lue, pour être sûr de prendre cette carte, et espérer ralentir la réaction du joueur adverse par ce biais pour prendre la carte chez soi si finalement ce n'était pas la bonne), est absolument indispensable si l'on souhaite attaquer un maximum. Je n'en faisais pas une priorité pour ma part, mais je vous invite tous à bien vous entraîner au modori-te, afin de pouvoir prendre des cartes rapidement chez l'adversaire comme chez vous. Prendre toutes les cartes avec un timing parfait est extrêmement difficile, donc mieux vaut s'habituer au modori-te.

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