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Tournoi Munakata (compte-rendu un peu spécial)

12/07/2015 – Romain


Le tournoi Munakata, c'est un tournoi qui se déroule dans un temple japonais vraiment beau, dans la campagne reculée de Fukuoka (Kyushu). 26 000Y l'AR en Shinkansen, je me dis que je dois en profiter un minimum.


Je prends donc un après-midi pour visiter un peu la ville de Kokura, et découvrir que c'est justement dans cette région du Japon que s'est déroulé le fameux duel entre Sasaki Kojirô et Miyamoto Musashi.


Toutefois, ce que je n'ai pas dit, c'est que jusqu'à la veille du tournoi, j'étais dans un état absolument lamentable, suffisamment pour remettre en question ma participation au tournoi : douleurs à l'épaule, au coude et aux lombaires, aux oreilles, à la tête, à la gorge, à l'estomac (violentes crampes et troubles digestifs), fatigue extrême, je n'arrivais même pas à bosser convenablement.


Vendredi soir, je me dis que je prendrai ma décision le lendemain au réveil, selon mon état. J'étais donc prêt à abandonner (sachant que je ne joue plus qu'en tournoi, et que ce sont ces tournois qui me permettent de tenir niveau moral toutes les merdes qui m'arrivent, ce n’est pas un choix facile pour moi).


Samedi matin, je me réveille, la fatigue extrême est partie, les maux de ventre et de tête sont réduits de moitié : je vais pouvoir participer.


Apparemment j'avais un besoin urgent de me reposer (j'ai pourtant le souvenir d'avoir déjà dormi 10h pour finalement ne toujours pas me sentir mieux, donc j'aimerais vraiment savoir pourquoi pour le coup je suis allé mieux... Peut-être le fait d'avoir bien dormi sans interruption, de m'être couché tôt, et de ne pas avoir de contrainte immédiate).

Bref, introduction terminée, on en vient au tournoi.


Campagne reculée, mais pour une raison que j'ignore, on est 69. Ce qui veut dire que 10 personnes auront potentiellement 7 matchs à faire... Et j'en fais partie. Les autres auront carrément une pause après le premier match, le meilleur plan possible.


Le premier match commence, et je ne peux m'empêcher de ressentir une inquiétude assez forte : 8 jumelles séparées d'entrée, et mon adversaire en a 3 de son côté. Ca va être drôle à jouer ça...

Pourtant, je fais immédiatement plein de prises excellentes, toutes sur le terrain adverse. Je vois que mon adversaire réagit toujours chez moi, et j'en viens même à me dire qu'elle n'a pas de chance. Moi, je me sens vraiment en forme. Puis mon terrain est lu... et je ne réagis tout simplement pas. Mon adversaire, elle, fait de très bonnes prises. Je suis donc dans un état presque inconnu pour moi : bon en attaque, et mauvais en défense. Mon terrain commence à être lu de plus en plus, je parviens quand même à prendre quelques cartes chez moi, j'accélère, et je fais d'excellentes prises des deux côtés. J'ai une bonne avance...


Puis le même accident qu'à Fukui. Je commence par faire une faute en balayant chez moi une carte que je viens d'envoyer. Elle m'envoie CHIHA, lue immédiatement, je réagis avant mais me dirige vers l'emplacement de CHIGIRIKI (lue un peu plus tôt chez moi) avant de revenir sur CHIHA, elle me la prend et crie NUITA !!! (Nuku = prendre une carte en attaque) avec une voix super aiguë, qui me fait mal aux oreilles (je suis devenu plus sensible aux bruits aiguës). Ca m'énerve (surtout qu'elle n'avait pas été si rapide que ça, même si la prise était nette), et je me fais prendre une autre carte sans réagir. Et c'est à ce moment là qu'une carte séparée est lue chez moi. Je balaie en face, et c'est reparti pour le cercle vicieux.


A partir de là, je cesse de réagir à part pour faire des fautes, donc finalement je décide d'arrêter de réagir, et j'essaie de trouver le bon rythme, malgré ma mémorisation qui commence à partir se balader je ne sais où.


J'avais une large avance, maintenant je perds de 6 cartes. Je fais le vide, je me concentre, je ne réagis pas. Ok, c'est pas comme ça qu'on fait. Je fais le vide, je me concentre, je réagis pas mal et prends une carte. Ok, on est déjà plus proche. Je fais le vide, je me concentre sur le son, et je réagis très bien dans la mauvaise direction, car j'avais mal suivi un déplacement. Pas grave, cette fois le timing était là. 12-6.


Je fais le vide... YU, je balaie immédiatement YUU chez moi sans avoir besoin d'attendre la 2e syllabe. Prise parfaite. C'est ça que j'attendais.


Et là le festival peut enfin commencer. Je balaie à toute vitesse, WATA chez moi, I(MA) chez elle, AWA chez moi... J'ai trouvé mon rythme, et je ne le lâche plus. Fin de la partie, j'ai deux cartes, HO et WA, je sais que HO je ne pourrai pas la prendre. En face, mon adversaire a HA. Comme il est important de pouvoir prendre ses cartes en fin de partie, j'envoie HO en l'abandonnant à moitié. HA est lue, mon adversaire balaie HO, et je prends tranquillement HA. Par chance, elle les avait séparées, et quand on a deux cartes aussi proches au niveau du son, et à 1 syllabe, il est fréquent de s'emmêler. Perdant 12 à 6, je remonte la pente et gagne finalement de 4 cartes. Une partie très serrée, que j'ai complètement foirée à cause de mes fautes (5 pour moi, 0 pour elle), mais que j'ai superbement remontée.


De plus en plus, je parviens à me coller à la fréquence du lecteur. Ces derniers temps, j'aime faire référence à cette notion de fréquence. En gros, selon moi, il y a plusieurs fréquences quand on joue. Cette fréquence, c'est le point sur lequel on se concentre. On peut se concentrer sur la mémorisation, sur les cartes, sur les sons ambiants, sur les stratégies, on peut faire le vide complet, et on peut se concentrer sur le son. Là j'ai vraiment passé 5 bonnes minutes à essayer de me coller sur la fréquence du lecteur : n'écouter que le son qui sort de sa bouche, et suffisamment tôt pour ne pas être pris au dépourvu (souvent, quand je me concentre tardivement dessus, je ne suis pas encore sur sa fréquence quand la carte est lue).


En gros, ce que j'essaie de dire par là, c'est qu'il est je pense important d'atteindre un état dans lequel on n'entend plus que le son du poème.


2e match sans pause ou presque, j'ai encore des petits restes du match précédent, mais ça va. Je prends des cartes rapidement, en défense comme en attaque, mon adversaire fait une faute en premier, je suis peu de temps après en balayant SA sur ME (ME était la seule carte à 1 syllabe qui restait sur le terrain adverse quand j'ai gagné, et je comptais dessus pour remporter la partie. SA se trouvait au même endroit). Balayage très net d'ailleurs.


La partie se déroule sans accrocs, je suis en forme, je ne fais pas trop de fautes, mon adversaire commet 2 fautes de balayage que je ne pardonne pas (il balaie trop haut), j'en fais également 1 ou 2, mais je ne faiblis pas, et gagne de 14 cartes.


Je me dis donc que c'est ma chance pour me reposer... Et là mon adversaire vient me parler pour me demander ce que j'ai pensé de son jeu, ce qu'il devrait améliorer selon moi. On discute... jusqu'au match suivant. Et là je réalise que je n'ai absolument pas fait le tri dans mes idées. Ayant accepté de discuter avec lui, je n'ai fait que renforcer ma mémorisation du match précédent, alors que je voulais à l'origine l'oublier.


Je m'installe, et suis incapable de mémoriser. Je suis encore dans le match précédent. Je sors, vais écouter de la musique, fais le vide, je reviens, ça va un peu mieux mais je n'ai plus de temps. Le match commence, et je suis encore en train d'essayer de mémoriser certains emplacements.

Plusieurs cartes de suite, je ne réagis absolument pas. Mon adversaire est rapide, je le regarde jouer, c'est cool. 3, 4, rapidement il prend une avance de 5 cartes. Puis j'arrive enfin à faire le tri. Je prends une carte rapidement chez moi, et c'est parti. Je fais plusieurs prises avec un très bon timing, je le dépasse, j'oublie quelles cartes sont en jeu, je fais une faute, ralentis, il me rattrape, je fais une bonne prise, je repars et le dépasse, je fais 2 fautes, ralentis, il me dépasse, j'oublie tout, je fais le vide je reviens à fond, prends plusieurs cartes très importantes (I, qu'il visait beaucoup), Et j'arrive à 2-6. Dur, mais j'y suis enfin. KOKO est lue, je fonce protéger KOKORONI chez lui, ma main glisse, et comme par hasard la carte en question est KOKOROA. 3-5. Je mène malgré tout. Tout le long, je n'ai pas compris le timing avec lequel il lâchait des "Yosh !", ces petits cris étouffés qu'on lâche quand on prend rapidement une carte. Lui le faisait sur des cartes minables qu'il prenait juste parce que je ne réagissais pas du tout (ce qui m'énervait un peu, car je me disais "pourquoi tu es content de les prendre aussi lentement).

Mon adversaire balaie ASABO sur ASAJI, on revient à 2-6. Cool.

YONO est lue, il a YONONAKAYO, j'ai YONONAKAWA : je prends ma carte, ma stratégie de séparation des longues syllabes a payé. 1-6.

ARA est lue, je fonce chez lui (ARAZA), c'est ARASHI, je reviens chez moi, et la rate de très peu. Manque de bol. 1-5.


Il a une carte à gauche, 4 cartes à droite. Son côté droit est lu, il couvre dès la première syllabe, je ne peux rien faire. 1-4. Mon bras droit commence à être vraiment lourd, je ne me sens pas de prendre de vitesse quelqu'un qui ne fait que couvrir. Je vise le côté gauche et ma carte. Son côté droit est lu, il la prend tranquillement. 1-3. Je n'arrive plus du tout à visualiser son terrain. Il fait passer toutes ses cartes à droite, je fais le vide pour tout viser, ASA, je fonce, il couvre dès la première syllabe, 1-2. Je peux pas percer ça. On couvre tous les deux, son côté est lu... 1-1.

Chez lui, KO. Chez moi, NA(TSU). J'attends chez moi. NA, je prends la carte... puis je réalise : NANIWAE...


NA(TSU) à une syllabe, c'était le match d'avant.

Faute, je perds le match, la carte lue juste après est NATSU.

Ce match a été un véritable choc pour moi. Je dominais complètement mon adversaire, j'ai réussi à me reprendre à de nombreuses reprises malgré mon manque de chance au niveau des cartes lues (3 cartes balayées avant la syllabe déterminante, toutes des cartes mortes, donc faute), et au final, je perds parce que seul son côté droit a été lu sur la fin, puis carte morte juste avant NATSU.


Et là, vraiment, à cet instant, je me demande pourquoi je joue au Karuta. Je me demande à quoi servent tous mes efforts malgré tous mes problèmes de santé si au final c'est pour perdre sur des conneries. Ma fatigue au niveau de la mémorisation, je ne peux rien y faire, car je ne peux pas faire de matchs. La moitié de mes fautes, je ne peux rien y faire car c'est les mouvements de mon adversaire qui me perturbent, du fait que je ne suis plus habitué à jouer contre d'autres personnes. Et là je commence à voir mes limites. J'ouvre twitter, et premier tweet de la time line, une réplique de mon manga préféré, Ahiru no Sora (dream team en France), étant abonné au compte officiel qui poste des répliques de temps en temps : "On fait de son mieux, on donne tout ce qu'on a, mais si malgré tout on n'obtient aucun résultat... est-ce que nos efforts ont un sens?". Et là c'est le coup de grâce.


Je vois devant moi les mots que je me retiens depuis des mois de prononcer, au moment même où ils résonnent le plus fort en moi.


Il est 14h, j'ai joué 3 matchs, je décide de rentrer, ne voulant plus entendre parler de Karuta. Je croise alors mon kôhai de l'université de Kôbe, passé A Kyû la semaine dernière, qui vient de gagner son 3e match. S'il gagne le suivant, il aura remporté un prix pour son premier tournoi, ce qui est très rare (même si le niveau A Kyû est faible dans le Kyûshû). Il me demande si je vais regarder son match, je lui dis que le dernier match c'était un coup dur pour moi, que je vais regarder un peu puis rentrer. Je m'excuse, il me dit qu'il comprend parfaitement et me souhaite bon retour.


Le match commence, je regarde. Il fait de bonnes prises, son adversaire aussi. Mais je ne peux pas m'empêcher de repenser à mon match. De me dire que si j'étais en A Kyû, je pourrais faire des matchs de ce niveau.


Je continue à regarder, puis je repense à une autre kôhai, qui reste toujours quasiment jusqu'au bout pour encourager ses sempai et ses kôhai qui gagnent. Et moi, je suis là, à me lamenter sur mon sort, et à vouloir rentrer chez moi en début d'après-midi en laissant seul mon kôhai dans une région où il ne connaît quasiment personne, pour un match important. "Est-ce que c'est ça, le sempai que je veux être? Dire que je veux rendre mon équipe plus forte, mais incapable d'encourager jusqu'au bout ses kôhai?"


La réponse est non. Sans l'université de Kôbe, je ne serais pas ici. Sans mes kôhai, je n'aurais pas été capable de tenir face à tous les problèmes que j'ai rencontrés jusqu'à maintenant. Je reste, et je le regarde gagner son match, voilà ma décision.


Son adversaire m'apparaît immédiatement très rapide, étrange, sachant que je ne l'ai jamais vue (joueuse de Kyûshû qui ne sort probablement jamais de sa région). Puis je comprends : elle ne vise que le terrain adverse, et de manière limitée en plus : juste le côté droit. Que la carte lue soit chez elle où en face à gauche, elle ira systématiquement d'abord à droite. Ses prises de ce côté sont magnifiques. Et ailleurs, elles sont minables. Mon kôhai joue avec un bon équilibre, il attaque bien, il défend bien son côté gauche, une certaine monotonie s'installe : si le côté droit est lu, c'est pour son adversaire, sinon c'est pour lui (il avait beaucoup de cartes à droite, et elles ont été beaucoup lues). Monotonie brisée par quelques fautes de son côté.


Il perd 14-7, mais il se reprend, et commence à faire de très bonnes prises, en parvenant également à protéger un peu son côté droit (moins lu qu'au début). Il la rattrape. 4-3. Elle protège difficilement son terrain, 4-2. Il attaque, elle prend de justesse une carte à droite, il protège à gauche, 2-1.


Elle a les yeux rivés sur HA, en face à droite. HA, elle prend la carte et gagne de 2.

On passe alors pas mal de temps à discuter, puis je croise mon adversaire du 2e match, j'apprends qu'il est 3e Dan, il me dit qu'il n'a pas l'habitude de se faire à ce point dominer niveau vitesse et qu'à cause de ça il a un peu paniqué (=quelques fautes), et on passe 1h à discuter. Je crois entre temps la lectrice du 3e match, qui a appris que je n'avais pas attendu le T de TAMA et TAGO, m'empêchant de les prendre (c'est une joueuse de Kyûshû qui m'a demandé si j'avais eu du mal à entendre certains sons). Apparemment, dans la région du Kyushu, la prononciation est un peu différente, et il est fréquent de prononcer le T un peu comme un K. Deux cartes perdues bêtement, mais je ne m'en préoccupais pas tellement (même si au fond ça aurait pu me faire gagner, ça n'a pas perturbé mon jeu, et 2 cartes perdues ne suffisent pas à justifier une défaite).


Je prends ensuite un peu de temps pour faire le tri dans mes idées.

Quelques heures plus tôt, j'avais vraiment envie d'arrêter le Karuta. J'avais le sentiment d'avoir vu les limites de mes entraînements, d'être confronté à des problèmes que je ne pouvais pas régler.


Mais j'ai longuement réfléchi.

Et après une longue introspection, j'ai réalisé que j'étais véritablement devenu plus rapide. Mes prises sont plus rapides qu'elles ne l'étaient, et surtout elles sont plus nombreuses qu'avant. Mon attaque s'est clairement améliorée. S'il m'arrive encore de m'auto-détruire en faisant des fautes, je parviens presque toujours à revenir en match et à me reconcentrer (3 auto-destructions en 4 matchs, ces 3 fois j'ai réussi à remonter. 1 victoire et 2 défaites de peu)

En bref, mon seul problème aujourd'hui, c'est ma mémorisation qui provoque des fautes.

Ce problème, je l'avais évidemment auparavant également, mais je n'en étais pas à ce point conscient, car les matchs que je perdais, je ne parvenais même pas à me concentrer. Aujourd'hui, ce problème se démarque justement parce que je suis concentré.


Il faut donc que je trouve un moyen de régler ça. Le premier, c'est que je vais devoir véritablement m'isoler durant les tournois. J'en avais déjà parlé, du fait que j'avais besoin de me concentrer sur le trajet en écoutant de la musique. J'ai pris le réflexe de le faire, et ça marche bien. Là, je vais passer à la vitesse supérieure, en refusant simplement de parler tant que je gagne (à part pour saluer, encourager et dire que j'ai gagné). Ça va être dur, car pour moi l'aspect social des tournois est extrêmement important, mais ça m'apparaît indispensable.


Le deuxième moyen que j'envisage, c'est de mettre au point un nouveau système d'entraînement de mémorisation adapté à ma situation (problèmes de santé nombreux et manque de temps). J'ai à peu près l'idée en tête, et là j'essaie de voir comment la mettre en pratique.

Au final, je me dis que j'avais peut-être besoin de cette défaite. Besoin afin de réaliser ce qui me manquait, et de trouver la motivation nécessaire pour me remettre complètement en question, pour trouver une solution malgré les difficultés.


J'ai cru voir mes limites, peut-être même les ai-je vraiment vues, mais les voir ne suffit pas, je veux leur rentrer dedans. En d'autres termes, je ne veux plus simplement me dire "ça ne sert à rien de continuer, je ne pourrai pas devenir plus fort, je ne pourrai pas régler ce problème", je veux essayer jusqu'au bout, et m'arrêter seulement une fois que j'aurai eu la confirmation que je ne peux rien faire de plus.


Si mon problème tient à la mémorisation, je dois pouvoir faire quelque chose.

Le compte-rendu du tournoi en lui-même a été plus court que d'habitude, mais c'est parce que je voulais insister un peu plus sur ce qui m'est arrivé après, sur l'influence qu'a eu ce match sur moi.


Je pense que beaucoup des personnes qui me lisent ont des doutes. Certains ont du mal à trouver la motivation de faire des efforts, certains n'ont pas de partenaires avec lesquels jouer, d'autres n'ont pas d'adversaires suffisamment forts pour les aider à progresser, certains ont l'impression de manquer de talent, d'autres ont du mal à trouver du temps pour s'entraîner, et enfin, certains ont des problèmes de santé qui les empêchent de jouer comme ils le voudraient.


Je fais malheureusement partie de ce dernier cas (plus le manque de temps, mais c'est lié). Maladie qui ne se soigne pas, je ne sais pas si mon état s'améliorera, donc tout ce que je peux faire, c'est accepter ma situation en espérant que ça s'arrange un jour. J'ai vu mes limites un nombre incalculable de fois, car je tombe malade sans arrêt, j'ai des douleurs qui apparaissent partout, des tendinites qui ne partent pas, une fatigue que je ne parviens quasiment jamais à effacer... J'ai vu mes limites un nombre incalculable de fois, mais chaque fois, je me pose la question suivante : est-ce que c'est vraiment ça, ma limite ? Si j'arrêtais maintenant, est-ce que je pourrai dire que j'ai tout essayé ? Est-ce que je pourrai dire que je n'ai aucun regret ?


Et chaque fois, ma réponse est la même. Non. Je peux faire plus. Si j'arrête maintenant, plus encore que des regrets, j'accepterai l'idée d'abandonner uniquement face aux difficultés. Arrêter une activité car elle ne nous intéresse plus, c'est normal. Mais arrêter une activité qu'on aime parce qu'on trouve ça difficile, c'est accepter l'idée qu'on ne pourra plus jamais se donner à 100% pour quelque chose qu'on aime.


Donc pour moi, arrêter le Karuta, ça a pris un sens plus large encore que simplement arrêter une activité qu'on aime. C'est arrêter de combattre.

Mon compte-rendu cette-fois est bien plus sérieux que d'habitude, mais j'avais envie de parler de tout ça. Parce que pour moi, ça a été un tournoi extrêmement important, qui m'a fait réaliser beaucoup de choses.


Mais aussi parce que je sais que vous êtes nombreux à douter et à vous poser des questions. Quand on doute, on a souvent l'impression d'être le seul, que les autres ne rencontrent pas vraiment de difficulté. Beaucoup avaient peut-être cette impression de moi, vu que je me montre toujours positif dans mes articles. Le fait est que je lutte face aux doutes quotidiennement. Donc j'ai pensé que savoir ceci, savoir comment je surmonte moi-même ces doutes pourraient en aider certains à aller plus loin eux-mêmes.


Pour terminer, c'est au final la présence de mon kôhai au tournoi qui m'a permis de surmonter le choc de ce tournoi, mais il m'arrive souvent de récupérer toute ma motivation perdue en recevant les longs mails que certains d'entre vous m'envoient, me racontant leurs derniers récits, en recevant des messages d'encouragement, ou même des messages de remerciement, car je réalise que mes efforts ont un sens, même s'ils ne me permettent pas immédiatement de réaliser mon objectif direct (A Kyû).


Je profite donc de ce long compte-rendu pour remercier tous ceux qui font vivre Karuta France, et pour vous encourager tous dans ce que vous entreprenez !

Prochain tournoi dans 9 jours, après un blanc de près de 3 semaines à la suite de problèmes de santé. Mais je reste positif.


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