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La technique de balayage

07/03/2014 – Romain


Présenter la technique de balayage en Karuta est en soi compliqué, puisqu’expliquer un mouvement avec des mots est toujours moins aisé qu’en montrant l’exemple. Mais l’objectif de ce site étant notamment de permettre aux francophones de s’initier au Karuta même seuls, cela reste une étape indispensable.

L’article se divisera en deux parties : dans un premier temps, je présenterai les différentes techniques pour prendre des cartes en Karuta, leur intérêt, puis j’expliquerai comment balayer correctement.


I/ Le balayage et ses dérivés


Pour commencer, qu’est-ce que le balayage ? Le terme n’est en soi pas évident, notamment du fait qu’il n’existe pas en français de mot véritablement clair. Le balayage, c’est ce qu’on appelle souvent le « swing » en anglais, et « suburi » (素振り) ou « harai » (払い) en japonais. Commençons d’ailleurs tout de suite par éclaircir un point : le « suburi » en japonais, c’est le mouvement pour balayer les cartes en situation d’entraînement, ou durant les 2 dernières minutes du temps de mémorisation. En plein match, vous ne faites pas de suburi, mais des harai.

Bref, le balayage, c’est quand vous balayez une carte en la projetant au loin : un mouvement rapide, donc, mais également précis. Il a pour particularité d’être relativement horizontal, de manière à pouvoir faire voler toute une rangée.

A côté du balayage, vous avez le « tsuki », qu’on pourrait appeler « estoc » en utilisant le vocabulaire de l’escrime. C’est donc une prise en pointe, qui va directement sur la bonne carte. Ce mouvement est assez rare, car globalement moins efficace, du fait qu’il ne balaie pas les cartes à côté, donc il suffit d’une petite erreur de mémorisation pour ne toucher au final que la mauvaise carte. Y recourir de temps en temps n’est pas une mauvaise chose, mais si toutes vos prises fonctionnent de la sorte, c’est qu’il est temps de changer un peu. Si l’utiliser sciemment est rare, il arrive au contraire que certains joueurs l’utilisent de manière accidentelle, par exemple en projetant simplement le bras en avant, le plus souvent sur des cartes qu’ils avaient bien en mémoire.

Le troisième type de prise, c’est l’écrasement, ou « osae-te » en japonais. Comme son nom l’indique, cela consiste simplement à écraser les cartes, plus ou moins doucement selon les joueurs. Cette « technique » est très souvent utilisée par les débutants, puisqu’elle sort instinctivement.

II/ Pourquoi balayer ?


Maintenant que vous connaissez les 3 types de prises, je vais tâcher de vous expliquer pourquoi balayer.


A/ Gain de vitesse et précision


La première raison, assez évidente, est que c’est le mouvement le plus rapide. Le balayage est un mouvement rapide et direct vers la ou les cartes que vous visez. L’écrasement est par essence plus lent, puisque le mouvement se fait en deux temps : d’abord en allant en direction de la carte, puis en écrasant la main sur les cartes. Le pire est que, par peur de toucher une carte en chemin, les chances pour que vous éleviez votre main avant d’atteindre votre destination sont grandes. Vous perdez donc d’autant plus de temps. Enfin, le balayage permet de faire voler toute une rangée, là où l’écrasement ne vous permettra que de récupérer les cartes que vous avez directement touchées.


B/ Mouvement plus sûr


Le balayage a l’avantage d’être plus sûr pour vous et pour votre adversaire. Avoir la main qui plane au-dessus des cartes, c’est risquer de se faire percuter la main à toute vitesse. Et surtout, écraser, c’est prendre le risque de broyer la main de votre adversaire, et tant qu’à faire, autant ne pas le blesser.


C/ Condition nécessaire à l’usage de techniques


Vous trouverez sur cette page des informations sur les techniques telles que la watari-te ou la modori-te. Ces techniques reposent sur l’élan, nécessitent d’avoir le corps lancé en avant, et par conséquent, il est indispensable, si vous souhaitez pouvoir les utiliser, de prendre le réflexe de balayer.


D/ Plus facile de faire céder l’adversaire en cas de contestation


A terme, et à mon sens, la plus grande utilité du balayage après sa rapidité est le fait que le mouvement paraît bien plus rapide que l’écrasement aux yeux de l’adversaire. Cela semble peut-être évident, mais en réalité, l’écrasement paraît toujours plus lent qu’il ne l’est réellement pour l’adversaire, car ce dernier ne voit pas le point d’impact, et n’est donc pas conscient comme vous l’êtes du timing. Écraser plutôt que balayer, c’est donc prendre le risque de se voir contester beaucoup de prises, votre adversaire étant persuadé d’être allé plus vite que vous. Croyez-moi, c’est extrêmement pénible, donc habituez-vous à balayer précisément pour éviter ce genre de situations.

III/ Comment balayer ?


Comme indiqué plus tôt, il est assez difficile d’expliquer par des mots la façon d’effectuer un mouvement. Je vous invite donc fortement à prendre pour exemple des joueurs plus expérimentés que vous. Si vous en avez près de vous, profitez-en, mais sinon, vous pouvez regarder des vidéos sur internet, notamment les matchs de la Queen actuelle, dont le balayage est parfait. Regardez ses mouvements au ralenti, décomposez-les, comparez-les aux vôtres, et modifiez-les en conséquence. Faites particulièrement attention aux prises où vous voyez que tout leur corps se penche dans la direction de la carte lue.

A/ Le positionnement du corps


Pour débuter cette partie, qui représente le cœur de l’article, mettons déjà les choses au clair concernant la position (Kamae 構え) à prendre pour bien jouer.

Vous devrez avoir les deux genoux au sol, légèrement espacés de manière à disposer d’un certain équilibre. Vous devrez ensuite, de manière à ne pas gêner le mouvement de votre main directrice, reculer légèrement le genou du même côté. Si vous êtes droitier, donc, votre genou droit sera un tout petit peu en arrière par rapport à votre genou gauche. Toutefois, n’allez pas non plus le mettre trop en arrière (vous perdriez alors en équilibre) : l’idée est de le faire pivoter un petit peu, un peu de la manière dont vous feriez pivoter la pointe d’un compas.

Votre main gauche (dans le cas où vous êtes droitier) sera sous la carte qui fait l’angle, en bas à gauche (en laissant 1cm). La main droite devra également toucher le tatami, au milieu du terrain, là encore 1cm en-dessous de votre rangée basse.

Un point essentiel se situe dans la façon dont vous positionnerez votre bras droit. Faites attention à ne pas trop le tendre, à ne pas trop le contracter, ni à remonter l’épaule (et là encore, ne pas la contracter). Au contraire, le bras doit être souple, léger. S’il est tendu, vous perdrez une allonge considérable.

Enfin, concernant vos pieds, il existe deux styles différents : plier les orteils pour mettre votre poids dessus, ou les étendre pour que le dos de vos pieds soit à plat (pas complètement non plus, vu que vous êtes un minimum redressé). J’utilisais pour ma part essentiellement le premier style, car plus naturel pour un occidental, mais j’ai remarqué avec le temps qu’il posait un problème : je mettais trop de poids sur mes orteils. Pourquoi un problème ? Parce que ce poids que je mettais sur mes orteils faisait reculer mon centre de gravité, et par conséquent m’empêchait de réellement me plonger en avant pour aller balayer le terrain adversaire. A l’inverse, si vous êtes sur le dos de vos pieds, vous serez obligés de mettre tout votre poids sur vos genoux, amenant ainsi en avant votre centre de gravité. Balayer le terrain adverse sera ainsi bien plus facile. Je ne saurais donc que trop vous conseiller de déplier vos orteils quand vous jouez. Si vous avez du mal à visualiser de quoi je parle, dites-vous que c’est comme la position Seiza, mais en moins prononcé.


B/ Le déplacement du corps


La clé dans le mouvement du balayage est le déplacement du corps, ou autrement dit, le déplacement de son poids.

Pour commencer, il est vital de ne pas mettre trop de poids sur votre main pivot (gauche pour les droitiers). Procéder ainsi aurait pour effet de créer un déséquilibre, puisque votre corps penchera naturellement dans cette direction, ce qui vous gênera considérablement lorsque vous irez de l’autre côté. Vous devrez au contraire mettre une bonne partie de votre poids sur votre genou le plus avancé (gauche pour les droitiers), le reste reposant sur votre autre genou et sur votre main pivot. Un rapport tel quel 5-3-2 me paraît assez adapté, même si certains recommandent plutôt 4-3-3.

Une fois ceci fait, vous aurez bien plus de facilités à avancer votre corps en avant en même temps que vous irez chercher la carte chez l’adversaire. Car en effet, si balayer uniquement avec le bras et l’épaule suffira pour toucher une carte chez vous, lorsque vous devrez aller jusqu’au terrain adverse, vous aurez besoin de déplacer également votre corps. Faites glissez vos genoux, avancer vos hanches, vous pouvez même presque plonger : plus vous utiliserez votre corps, plus votre mouvement du bras s’en retrouvera simplifié et rapide. Encore une fois, regardez des vidéos de joueurs lorsqu’ils attaquent le terrain adverse : vous constaterez qu’ils n’utilisent jamais que leur bras, leur corps entier se penche dans la bonne direction. Donc prenez pour exemple les vidéos de joueurs de très haut niveau, et inspirez-vous-en !


C/ L’utilisation de la main


Enfin, une fois que votre mouvement est enclenché, il ne reste plus qu’à terminer avec la main. Pour continuer avec les références au basket, vous pouvez casser le poignet au moment où vous atteignez la rangée visée. En d’autres termes, si la carte se trouve dans la rangée basse de votre adversaire, votre bras ira jusque-là en adoptant une ligne directe (en diagonale), puis avant l’impact, vous déplierez les doigts tout en cassant votre poignet pour faire voler les cartes de manière horizontale (et donc balayer toute la rangée). Votre objectif reste toutefois de viser la bonne carte en priorité, et de la toucher dans son coin le plus proche de vous.

L’intérêt de casser le poignet est de garder jusqu’au bout votre bras et votre main au-dessus des cartes. Que la carte soit morte (donc absente du jeu) ou lue, votre mouvement sera donc strictement le même, la seule différence sera que si la carte est lue, vous casserez votre poignet pour atteindre les cartes, alors que si la carte est morte (et donc que vous vous êtes simplement dirigé vers une carte jumelle), il vous suffira de continuer votre mouvement dans le vent, un peu à la manière d’un suburi.

Ces explications théoriques sont difficiles à assimiler simplement avec des mots, donc je vous invite vraiment à comparer votre balayage à celui de la Queen, et de voir ce qui vous différencie. De même, décomposez vos mouvements, et réfléchissez à ce qui vous empêche d’aller vite. Et si vous avez un doute, filmez-vous, et envoyez-moi la vidéo !

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