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francekaruta

L’emplacement des cartes

07/12/2013 – Romain


APPRENDRE A DISPOSER SES CARTES

Le Karuta, comme vous le savez maintenant, se joue avec 50 cartes, chaque joueur en disposant 25 de son côté. Il incombera alors aux deux joueurs, en l’espace de 15 minutes, de retenir l’emplacement de toutes ces cartes afin de les prendre le plus vite possible une fois le match commencé.

Une tâche qui semblera ardue pour bon nombre d’entre vous, mais qui est en fait plus aisée qu’il n’y paraît. En effet, chaque joueur aura déjà au préalable réfléchi à la façon dont il disposera ses cartes sur son propre terrain. Il saura que s’il reçoit la carte CHIHA, il la placera par exemple en haut à droite. Ainsi, puisqu’on suivra toujours la même logique pour ses propres cartes, retenir leur emplacement prendra au final très peu de temps. Il suffira au fond juste de retenir quelles cartes sont en jeu de notre côté, et la stratégie mise en place préalablement fera le reste.

Mais alors comment faire pour déterminer tout ça? Il faut savoir qu’il existe plusieurs « règles », qui si elles ne sont pas absolues, gagneront à être respectées avant d’avoir atteint le niveau suffisant pour en sortir.

Combien de cartes?

C’est la première chose à savoir. Chaque joueur aura 6 zones possibles où placer ses cartes : en haut, au milieu, en bas, et ce à droite comme à gauche. Mais combien de cartes doit-on placer dans chacune de ces zones? Il sera en général conseillé de mettre plus de cartes du côté de sa main directrice, car le mouvement y sera plus rapide. Pour vous donner une idée, je dois avoir approximativement 55% de mes cartes sur mon côté droit. Je déconseille de dépasser ce chiffre cependant, car il ne faut pas oublier que vous ne pouvez pas savoir quelles cartes tomberont. Si vous mettez trop de cartes sur votre côté droit, vous serez bien embêté si vous ne recevez presque aucune carte pour votre côté gauche au cours d’une partie.

Ensuite, on met généralement de moins en moins de cartes à mesure qu’on s’éloigne. Si mes souvenirs sont bons, sur les 100 cartes, j’en ai 20 que je place sur mon côté droit, en bas, 19 au milieu, et 15 en haut. Sur mon côté gauche, j’en ai 18 en bas, 15 au milieu et 13 en haut. Notez qu’il est possible de les placer au milieu également, mais c’est quelque chose que je déconseille pour plusieurs raisons. La première est que vous risquez de les toucher par inadvertance au moment où vous viserez les cartes de l’adversaire. La deuxième est que vous risquez également de trop y faire attention, étant donné qu’elles seront juste sous vos yeux.

Les chiffres donnés ici datent de mes débuts en Karuta, et ils ont aujourd’hui quelque peu évolué. Si le ratio gauche/droite est à peu près le même, j’ai un peu réduit le nombre de carte en bas pour les ajouter en haut. La raison est simple : je suis devenu plus rapide en haut. Et accessoirement, parce que j’ai commencé à séparer certaines cartes jumelles, et que les places en haut étaient les plus libres.

Les cartes à une syllabe déterminante, et les cartes longues

Pour l’essentiel des cartes, on les placera au feeling, et j’expliquerai comment ça marche plus bas dans l’article. Toutefois, il existe des cartes pour lesquelles tout le monde est plus ou moins d’accord. Les cartes à 1 syllabe déterminante seront généralement placées en bas, pour une raison simple : comme elles sont détectables très rapidement, l’idée est de les placer le plus loin possible de l’adversaire. Nombreux sont les joueurs à être bons sur ces cartes, donc il vaut mieux se donner un maximum de chances. Certains ont tendance à les placer proches du coin afin de mettre encore plus de distance avec l’adversaire, et d’autres au contraire à les placer le plus proche possible d’eux-mêmes, afin de pouvoir les prendre encore plus rapidement. Faites-le comme vous le sentez, mais si possible, séparez-les un minimum, pour forcer votre adversaire à les mémoriser séparément. A titre informatif, j’ai 3 cartes en bas à droite, 2 cartes au milieu à droite, et 2 cartes en bas à gauche.

Les cartes longues, quant à elles, seront plus compliquées à placer car plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Pour faire simple, il faut savoir que lorsqu’une carte est dite longue (YONONAKAWA par exemple, dont la 5e syllabe est déterminante), il est courant de la protéger en plaçant sa main devant jusqu’à ce qu’on entende le dernier son. Pour vous donner une idée, après avoir entendu « yono », on place sa main au-dessus de la carte « YONONAKAWA », et si c’est bien elle qui est en train d’être lue, on pose la main dessus. Dans le cas contraire, on se retire. Certains joueurs n’aiment pas protéger leurs cartes. Dans ce cas, concernant l’emplacement, n’importe quel endroit fera l’affaire, de préférence entouré d’autres cartes, afin que l’adversaire ne puisse pas facilement la couvrir. Mais cela reste un pari risqué (vous misez sur le fait que la carte longue lue sera celle de l’adversaire, dans le cas où les deux seraient en jeu), et surtout, c’est assez handicapant si la seule carte longue est chez vous. Si au contraire vous souhaitez la protéger, on conseille alors de la mettre du côté de la main directrice, et dans un angle, afin qu’il soit plus facile de la protéger. Rien ne vous empêche, soit dit en passant, de mettre 3 paires de cartes longues à côté. De cette façon, vous saurez que vous devez absolument couvrir cet endroit dès lors qu’une carte longue sera lue.

Les cartes jumelles, à coller ou pas?

C’est une question très importante, mais à laquelle on ne peut pas apporter de réponse définitive, car chacun a sa propre vision. Pour rappel, les cartes jumelles sont des cartes débutant par la ou les mêmes syllabes. Par exemple, TSUKU et TSUKI. La tendance du débutant est de les coller, car il est ainsi plus facile de les retenir et de les prendre. En effet, si vous posez les deux cartes TSUKI et TSUKU, vous saurez que si l’une des deux est lue, votre esprit se concentrera sur le même endroit. Mieux encore, comme il n’y a pas d’autre carte commençant par Tsu, vous saurez par cette seule syllabe que c’est l’une des deux qui est en train d’être lue, et pourrez alors les balayer toutes les deux. Seulement, très logiquement, c’est aussi le cas pour votre adversaire. Or, il faut savoir qu’au Japon (et notamment à Kôbe), on apprend en priorité aux débutants à « attaquer » , à jouer un « karuta agressif » . J’expliquerai pourquoi dans un prochain article, mais les conséquences de ceci, c’est que vos adversaires auront souvent tendance à viser vos cartes en priorité. Ainsi, trop coller vos cartes est risqué car votre adversaire les vise avec énergie.

Ma vision des choses a particulièrement changé en un an à ce sujet, notamment du fait que j’ai appris que les opinions divergeaient beaucoup. Certains considèrent que l’on doit tout diviser pour compliquer la tâche de l’adversaire, mais d’autres, au contraire, estiment que trop séparer consomme de l’énergie et que cela gêne alors notre propre attaque (car on doit passer plus de temps sur son propre terrain). Les deux visions se valent, et je pense que chacun devra réfléchir à sa propre méthode. Néanmoins, ces deux méthodes partent du même constat : le joueur se concentrera sur les cartes adverses. En gros, la logique est « coller ses propres cartes pour se concentrer encore plus sur le terrain adverse », ou bien « séparer ses propres cartes pour gêner l’attaque de l’adversaire et donc avoir plus de champ libre en face ». Si vous êtes confiant en votre capacité à retenir 2 emplacements différents facilement, alors séparez-les autant que possible. Dans le cas contraire, collez-en quelques unes. Vous pouvez par exemple coller les cartes sur lesquelles vous êtes très rapide, et dont vous distinguez très clairement les sons. Si vous entendez par exemple NAGEKI et NAGEKE de la même façon, les coller risque de vous faire faire des fautes quand la carte lue est la mauvaise. Ceci car les deux sont toujours au même endroit, et vous balaierez donc de manière automatique. Mais globalement, je vous conseille surtout de séparer les cartes qui ressemblent à des jumelles, mais qui n’en sont pas. Par exemple, KASA et KAKU. Leur 1ère syllabe est commune, mais il existe également KAZEWO et KAZESO dans ce cas. Les coller n’aura pas pour effet de vous permettre de balayer plus vite (la syllabe déterminante restera la 2e), et par conséquent, vous habituer à les séparer me semble important.

En revanche, MOMO et MORO sont les seules cartes commençant par MO. Vous pouvez donc les coller pour les prendre plus vite et pour faciliter votre mémorisation.

Lorsqu’on ne colle pas les cartes jumelles, généralement, on les éloigne au maximum. Beaucoup de joueurs les disposent symétriquement, mais c’est quelque chose que je déconseille, car l’adversaire peut alors les retenir plus facilement. Quoi qu’il en soit, la majorité des joueurs les éloigne ainsi afin d’obtenir une chance sur deux de prendre la carte. Par exemple, si CHIGIRIKI est à gauche, et CHIGIRIO à droite, il est fréquent que chaque joueur vise la carte la plus proche de sa main directrice en entendant le son Chigi. Cela devient alors une question de chance. Essayez autant que possible de les mettre sur des rangées différentes.

Au final, que vous choisissiez de coller ou non vos jumelles, l’impact sera limité du fait que vous « devrez » envoyer en priorité ces cartes à l’adversaire de manière à les séparer. Avoir trop de cartes similaires chez vous rendra juste leur prise plus facile pour l’adversaire, et vous forcera à vous concentrer sur votre terrain, gênant alors votre propre attaque. Tout ceci sera détaillé plus en détails dans l’article sur le style offensif, mais retenez simplement pour le moment qu’en tant que débutant, vous devrez apprendre à viser le terrain adverse, et que pour ce faire, vous devez autant que possible diminuer la pression exercée sur et par votre terrain, en envoyant les cartes jumelles en face.

Ok, j’ai compris la théorie ! Et maintenant, en pratique ?!

Voilà, on passe aux choses sérieuses ! Je pense que c’est là un des seuls aspects pour lequel les Japonais n’ont pas de théorie toute faite, et procèdent un peu au hasard, donc je vais vous donner uniquement ma théorie, que je pense évidemment juste. L’idée est de faire des matchs sans avoir établi le positionnement de ses cartes. Ayez juste en tête les théories que j’ai avancées plus tôt, sans non plus trop se baser dessus. Au moment de disposer les cartes, évidemment, ça va être la panique. 25 cartes en main, vous devez les poser rapidement mais vous ne savez absolument pas comment. Deux possibilités s’offrent à vous : les disposer au hasard, ou bien les classer par syllabes déterminantes. Par exemple, toutes les cartes commençant par « A » en bas à droite, toutes les cartes commençant par « Y » en bas à gauche, toutes celles par « K » en haut à droite… Ainsi, les mémoriser sera relativement aisé. Cette partie n’est pas pour gagner, donc ce n’est pas grave si votre adversaire peut les prendre rapidement. Toutefois, au cours de cette partie, je vous conseille de vous focaliser essentiellement sur vos propres cartes. Mémoriser complètement les 50 cartes est extrêmement difficile au début, donc commencez par vous assurer que vous connaissez vos cartes, et éventuellement, ne visez que les cartes les plus proches de vous chez l’adversaire. Une fois la première partie terminée, j’aurais tendance à conseiller de refaire quelques autres parties avant de déterminer l’emplacement des cartes, si possible en commençant à séparer certaines cartes commençant par les mêmes syllabes. Pas forcément toutes, mais certaines.

Mais surtout, après chaque partie, prenez le temps de discuter avec votre adversaire des cartes que vous avez prises, et de celles que vous avez manquées de peu. N’hésitez pas à noter sur un bout de papier l’emplacement des cartes que vous aviez particulièrement en mémoire, cela vous servira par la suite.

Une fois que vous avez accumulé un minimum d’expérience, sortez vos 100 cartes et un bout de papier (faites sans les cartes si vous n’en avez pas). Vous allez alors disposer les 100 cartes sur votre terrain, afin de déterminer où vous les poseriez si vous les aviez. Évidemment, le tout va s’empiler, pour arriver à ce résultat.

Tout en haut à droite, vous avez mes cartes CHIHA, CHIGIRIKI et CHIGIRIO (bon, en théorie c’est pas bon de spoiler ses emplacements, mais ça a un peu changé depuis). Cela signifie que si j’obtiens une de ces trois cartes, elle ira dans le coin en haut à droite. Si j’en obtiens 2, elles seront toutes les deux le plus à droite possible. Les cartes empilées sont les cartes jumelles, mais quand j’ai les deux (ou plus) en jeu, je ne les colle pas nécessairement non plus. Si je n’en ai qu’une des deux, elle ira forcément là, et si j’en ai plus, les autres seront un peu espacées, tout en restant relativement proches. Sur la photo, elles sont empilées parce qu’évidemment, on ne peut pas placer 100 cartes sur un terrain aussi petit autrement.

Mais alors comment les disposer? Eh bien vous allez devoir faire appel à votre mémoire, et plus précisément, à vos souvenirs des premiers matchs que vous avez effectués. Prenez les cartes dans l’ordre des syllabes déterminantes, et visualisez-vous en train de les prendre. Si vous êtes parvenus à les prendre relativement rapidement au cours de vos matchs, cela devrait encore être ancré dans votre mémoire, et vous devriez pouvoir associer l’emplacement en question et la carte. Donc par exemple, si vous aviez placé « CHIHA » comme moi et que vous l’aviez bien prise, en vous imaginant la prendre, vous devriez trouver naturel de viser en haut à droite. Ces bouts de mémoire constitueront la base de votre positionnement. Une fois que ce sera fait, séparez ! Il existe par exemple 4 cartes commençant par « KA » : « Kazewo » , « Kazeso » , « Kasa » et « Kaku » . Si vous avez mémorisé « Kasa et Kaku » à droite au milieu, éloignez autant que possible les deux cartes « Kaze » . Au début ce sera difficile, mais vous les retiendrez avec le temps. Donc pour résumer, vous devrez disposez les cartes qui sont ancrées dans votre esprit là où vous les aviez placées durant l’entraînement, et celles que vous ne parvenez pas à visualiser le plus loin possible de leurs cartes jumelles ou proches (par exemple, « konu » n’est pas une carte jumelle de « kokoroa » , mais les deux commencent par « ko » , donc il vaut mieux les séparer).

Une fois ceci terminé, notez le tout sur un papier, et relisez-le autant de fois que possible. Pour bien mémoriser, je vous conseille de faire une simulation de match, seul. Faites passer les 100 poèmes à la suite, sans poser aucune carte (vous pouvez les poser remarquez, ça ne change pas grand chose, ce sera juste un peu bordélique). Puis balayez en direction de la carte comme si les 100 se trouvaient sur votre terrain. Cela devrait vous permettre d’enregistrer le tout plus facilement. Rien ne vous empêchera par la suite de continuer à séparer vos cartes si certaines sont trop collées selon vous.

Je vous ai également déjà parlé de la méthode MUSUMEFUSAHOSE, pour « compter » les cartes, ou plus précisément, pour vérifier leur emplacement. N’hésitez pas à utiliser cette méthode pour visualiser toutes les cartes sur votre terrain. Cela vous aidera beaucoup à mémoriser l’ensemble.

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